États-Unis : une femme enceinte noire a trois fois plus de risques de mourir qu'une blanche

Publié le 23 février 2022 à 9h18
Une femme enceinte aux États-Unis. Illustration.
Une femme enceinte aux États-Unis. Illustration. - Source : JASON CONNOLLY / AFP

Aux États-Unis, la mortalité maternelle a atteint, en 2020, son plus haut niveau depuis plus d'un demi-siècle.
Avec 23,8 décès pour 100.000 naissances, le pays de l'Oncle Sam affiche le pire taux parmi les pays industrialisés.
Les femmes noires y ont trois fois plus de risques de décéder d'une complication que les femmes blanches.

Une inégalité à peine croyable. Aux États-Unis, la mortalité maternelle a encore augmenté en 2020, avec 861 morts enregistrées, selon un rapport du National Center For Health Statistics, publié mercredi 23 février. Le taux s'est élevé à 23,8 décès pour 100.000 naissances, un plus haut depuis 1968 (17,4 pour 100.000 naissances en 2018, 20,1 en 2019). Les données pointent surtout de fortes inégalités : les femmes noires ont trois à quatre fois plus de risque de mourir que les blanches. 

Un chiffre déjà avancé dans un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2015 et depuis confirmé par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Le thème s'était même invité dans la campagne présidentielle américaine. La future vice-présidente, Kamala Harris, candidate à l'investiture démocrate pour l'élection de 2020, s'est dite choquée. "Nous devrions tous être outrés que cela se passe aux États-Unis", dénonçait la sénatrice de Californie.

La mortalité maternelle est définie par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme un décès survenu au cours de la grossesse ou bien dans les 42 jours suivants, pour une cause liée ou aggravée par cette grossesse ou sa prise en charge. Ainsi, en 2020, le taux de mortalité était de 55,3 pour 100.000 naissances parmi les mères noires, contre 19,1 chez les blanches. "Il a été maintes fois démontré que les femmes noires ne reçoivent pas le même niveau de soins" aux États-Unis, a expliqué à l'AFP Ebony Hilton, anesthésiste à l'Université de Virginie et experte des disparités dans l'accès aux soins de santé.

Le pire taux parmi les pays industrialisés

En effet, alors que la mortalité maternelle a reculé dans le monde au XXe siècle grâce aux avancées médicales, la situation américaine n'a cessé d'empirer depuis les années 2000 pour les femmes, de toutes origines et couleurs confondues. Chaque année, entre 700 et 1200 femmes meurent de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement. 

Pour ce qui est de 2020, "le Covid-19 a probablement contribué" aux 861 décès parmi les futures mères américaines, a indiqué à l'AFP Donna Hoyert, qui a participé au rapport. Néanmoins, cette maladie n'était pas mentionnée dans 88% des cas, et n'est donc responsable que d'une partie du tableau général, a-t-elle souligné. Avec 23,8 décès pour 100.000 naissances, les États-Unis affichent le pire taux parmi les pays industrialisés. La France enregistre, par exemple, un taux de mortalité maternelle de 8 décès pour 100.000 naissances, selon les plus récentes statistiques fournies par l'OCDE.


La rédaction de TF1info

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